Le syndrome Domenech
Aujourd'hui, le site Internet Marianne 2 a publié un article intitulé
"Insécurité : loi du caïd contre loi de la République".
Celui-ci se demande si une loi des caïds n'est pas en train de s'ériger
progressivement en rival du droit républicain. Il base son analyse sur quatre
faits divers qui ont défrayés la chronique :
"Des témoins à charge qui craignent les
représailles des caïds de la cité et qui, face l’impossibilité de la police de
les protéger efficacement, finissent par se rétracter en plein procès des émeutiers de Villiers-le-Bel.
Un jeune homme tué à force de coups par une vingtaine de personnes accourues
des Mureaux, appelées par un couple qui ne souffrait pas qu’on puisse vouloir
dresser un constat après un accident de la circulation, sur l’A 13. A Belleville, des membres de la communauté chinoise qui
rompent avec la loi du silence pour revendiquer leur droit à la sécurité,
exiger plus de policiers et moins d’impunité pour les voyous du quartier qui
les harcèlent. Et, en point d’orgue, l’histoire de ce jeune homme de 29 ans tué
à coups de couteau, dans la nuit de vendredi à samedi, parce qu’il avait refusé
de donner une cigarette à son agresseur. En plein quartier du Commerce, à
Paris, dans le XVe arrondissement, l’ancien fief de Balladur !"
J'y ajouterais le cas du gang de l'équipe de France qui applique les mêmes
règles :
- Menaces indirectes d'Anelka à l'encontre de ceux qui pourraient révéler ce
qui s'est passé en Afrique du Sud : "S'il y a des joueurs qui voulaient
s'entrainer qu'ils parlent maintenant. Mais je suis certain à 100% que
personne ne le fera". En d'autres termes, c'est comme à Villiers-le-Bel,
le caïd intimide les témoins afin d'éviter qu'ils révèlent la vérité ;
- Agressions physiques à l'encontre de Yoann
Gourcuff par les petites frappes Evra, Abidal, Ribery et Gallas ;
- Rumeur d'une bagarre entre
ce même Gourcuff et Frankenstein Ribery filmée par un coéquipier et qui
tournerait sur Facebook. Rien de moins que du happy
slapping courrament utilisé par les bandes.
Un intellectuel, Alain
Finkielkraut, a le mérite et le courage de dénoncer, depuis les émeutes en
2005, cette "loi". A chaque fois, il est traité de réac alors que les
faits font plus que lui donner raison. Suite à sa chronique sur la
"grève" de l'équipe de France, il a encore fait l'objet d'attaques
virulentes auxquelles il a répondu en indiquant que "la France souffre d'un syndrome Domenech - Quand tout va mal
il faut dire que tout va bien - le problème ce n'est pas les faits c'est le
journal ou la personne qui les expose".
Monsieur Finkielkraut a, par cette formule, joliment résumé l'état des
lieux : la France et une grande partie, notamment l'élite, des Français font
l'autruche. Pire, il arrive très souvent que les caïds soient excusés et
soutenus comme si ils étaient des anges n'ayant que des droits et surtout pas
de devoirs.
Dernier exemple en date avec 6 jeunes caïds d'Argenteuil en vacances en Croatie
qui ont agressé deux Croates, dont l'un est tombé dans le coma, sous prétexte
qu'ils n'acceptaient pas qu'une jeune fille Croate soit prise en photo.
Premier acte de la défense
par la mère d'un des 6 inculpés qui, malgré la distance, a l'air de bien savoir
ce qui s'est passé : "la bagarre
aurait été déclenchée par les Croates, qui n’auraient pas apprécié la façon
dont les Français regardaient une jeune fille. A l’en croire toujours, le jeune
Croate blessé aurait fait une mauvaise chute".Voilà, tout s'éclaire le pauvre malheureux a du glisser en jouant à
1,2,3 soleils avec les six gentils Français...la police Croate est corrompue et
la Croatie un pays de vilain. Vraiment une telle mauvaise foi affirmée ça
laisse pantois !
Deuxième acte de la défense par le conseiller municipal délégué à
la jeunesse d'Argenteuil qui s'est rendu à l'hôpital pour présenter
ses excuses au jeune Croate agressé ainsi qu’à sa famille. J'imagine ce qu'il a
dû leur raconter : "Mon pauvre petit tu sais il ne faut pas lui en vouloir
il n'est pas méchant, il ne voulait pas te faire de mal, c'était juste
amical". Par contre, que l'agresseur présente ses excuses (orales ou
écrites) à sa victime pas possible, hors de questions chez ces gens-là, c'est
le syndrome Anelka.
Troisième et dernier acte de la défense par un élu municipal d'Argenteuil :
"Qui a encadré ces jeunes ? Il y a quand même une responsabilité.
Il s’agit d’enfants mineurs, donc ils ne sont pas partis seuls. Ils sont partis
avec un encadrement. Quelle est aussi la responsabilité de la municipalité dans
ses actes ? Ces jeunes-là, comment étaient-ils recrutés ? Comment
faire pour prendre en charge l’ensemble de ces jeunes pour les rapatrier au
plus vite ? Ce sont des questions que les citoyens se posent légitimement.
L’image d’Argenteuil est gravement entachée à l’étranger. Ce qui est
inquiétant, c’est qu’il s’agit de mineurs qui sont aujourd’hui incarcérés dans
des conditions méconnues". Alors qu'il y a les coupables
sous le nez, si je puis dire, il s'amuse à chercher des responsabilités du côté
de la commune. Comme si, ce type de caïds allait demander bien poliment de
sortir accompagnés par un majeur. Désormais, sa préoccupation première
n'est pas qu'ils soient jugés mais de les faire sortir... Drôle de mentalité...
Cette faillite éducative sociétale gène une grande partie de l'élite qui
préfère la nier plutôt que de la traiter et donc reconnaître l'échec patent de
notre modèle d'intégration. Pourtant, il y a urgence à le faire car petit à
petit la loi des caïds contamine l'espace public jusqu'à menacer le contrat
social.
Pour finir, je rappelle que le sport est le miroir de la cohésion sociale d'un
pays. En Côte d'Ivoire, l'équipe nationale de football est la dernière chose
qui permet de maintenir l'unité entre le nord et le sud du pays. A l'inverse,
dans les années 1990, des matchs du championnat de football de Yougoslavie ont
démontré que le pays se disloquait lentement mais surement. Et nous qu'avons
nous démontré en 2010 avec notre équipe ? L'histoire y répondra mais certains
ont déjà une réponse : la guerre civile.